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La photo

1- Introduction

Dès les origines de l'histoire de l'art, l'une des préoccupations des artistes a été de représenter la nature le plus fidèlement possible.

Au XVIème siècle, peintres et dessinateurs utilisent la camera obscura décrite par Aristote IVème siècle avantJésus-Christ. L'objectif était d'améliorer la précision et les effets de perspective de leurs oeuvres. Il s'agit d'une simple boîte noire dont une des faces est percée d'un objet posé devant le petit trou. C'est l'ancêtre de la chambre noire, le boîtier de nos appareils photo modernes. L'ajout, à la même époque, d'une lentille de verre devant l'orifice augmente la luminosité d'une image que les artistes de la renaissance rêvent d'égaler tant elle leur semble "réelle".Mais comment parvenir à la fixer, comment la reproduire? Il faudra attendre plusieurs siècles pour que la chimie apporte à la lumière de quoi écrire...

2- La première photo de l'histoire

Saint-Loup-de-Varennes, une bourgade proche de Chalon-sur-Saône, un beau jour de 1826. Joseph Nicéphore Niépce enduit patiemment une plaque d'étain avec du bitume de Judée, une sorte d'asphalte, un produit brun et visqueux utilisé par les graveurs. Il positionne la plaque dans une chambre noire placée devant une fenêtre de sa vaste demeure...et il attend. Le bitume de Judée a la propriété de devenir solide sous l'action des rayons lumineux, en formant une sorte de résine. Comme beaucoup de savants de son temps, Niépce espère bien avoir trouvé la substance chimique qui réagira suffisamment avec la lumière pour enregistrer l'image formée dans la chambre noire.Après 8 heures de pose, il retire la plaque d'étain...et n'observe rien. Mais cette fois, Niépce est certain que l'image est là et qu'elle ne demande qu'a étre révélée, il lave la plaque d'étain avec de l'essence de lavande. Non pas pour la parfumer, mais parce que cette substance dissout le bitume de Judée. Les parties non soumises à la lumière se découvrent lorsque l'essence emporte le bitume, et il ne reste sur la plaque que la résine correspondant aux régions exposées. Niépce vient de faire la première photographie de l'histoire qui s'appelle une "héliographie" (écrire avec le soleil), mais lorsque niépce met au point son procédé, il est déjà agé et sa passion lui a coûté une bonne partie de sa fortune, c'est pourquoi il s'allie avec Jacques Mandé-Daguerre, plus jeune et plus entreprenant.

3- Le Daguerréotype

La collaboration entre les 2 hommes est fructueuse, Daguerre remplace le bitume de Judée par l'iodure d'argent, une substance qui noircit à la lumière. Il découvre également que les vapeurs de mercure permettent d'activer l'apparition de l'image. Pour cela, les atomes de mercure s'agglutiner sur les atomes d'argent qui ont été frappés par la lumière. Cette amplification de l'impression lumineuse ramène le temps de pose de plusieurs heures à quelques minutes, en fonction de l'ensoleillement. Daguerre ne s'arrête pas là, Il emploie l'eau salée qui joue le même rôle que l'essence de lavande avec le bitume: elle dissout les parties qui n'ont pas réagi à la lumière. En faisant apparaître l'image, puis en la fixant, Daguerre a tout simplement inventé le developpement moderne. Enfin, très bon opticien, il produit les premiers objectifs dignes de ce nom dévolus à la photographie. En 1833, Niépce meurt et Daguerre poursuit seul son chemin vers le daguerréotype et sa consécration. Le 19 août 1839, Daguerre expose quelques daguerréotypes de Paris devant les académies des sciences et des beaux-arts réunies pour l'occasion, par la suite d'une véritable campagne de presse, une des premières de l'histoire, chacun veut posséder son daguerréotype. Tout le monde est conscient d'arriver à l'avènement d'une nouvelle science et d'un nouvel art, un chimiste anglais, Herschel, propose un nouveau mot: "photographie", littéralement "écrire avec la lumière" pour désigner cette nouvelle science.

4- La découverte de Talbot

Le rêve des artistes de la Renaissance, enregistrer les images produites par la camera obscura, est désormais réalisé. Daguerre maîtrise la chambre noire, l'objectif et le développement: les fondements de la photographie sont en place. Mais le daguerréotype est loin d'être parfait: l'équipement est lourd, les plaques en argent coûteuses, et surtout chaque cliché est unique. Voilà qui restreint sacrément sa diffusion. Mais en 1841, un scientifique amateur anglais, William Henry Fox Talbot, brevète un nouveau procédé photographique, appelé calotype,concurrent de celui de Daguerre. La qualité de l'image est moindre mais il innove en un point essentiel. Talbot expose au soleil une simple feuille de papier enduite de chlorure d'argent et d'acide gallique. Les zones les plus touchées par la lumière s'assombrissent, les zones sombres s'éclairent: une image négative apparaît. Mieux, Talbot découvre qu'il suffit de presser le négatif sur un papier lui aussi sensibilisé au chlorure d'argent, et de l'éclairer violemment, pour obtenir un iamage positive. Et ce, autant qu'on le désire. Cette fois-ci, avec la découverte du négatif et du tirage papier, l'art photographique est au complet.

5- La photographie moderne

Durant la seconde partie du XIXème siècle, une foule d'inventeurs se passionnent pour cet art nouveau. Les améliorations fusent de toutes parts, plus ou moins efficaces, plus ou moins farfelues. En 1851, la technique dite du "collodion humide" (due à l'Anglais Frederik Scott Archer) remplace le négatif papier par un négatif en verre. Le collodion est une colle qui fixe le nitrate d'argent sur la plaque de verre. L'image final, tirée sur papier, est de bien meilleure qualité que celle d'un calotype. Inconvénient majeur de cette technique: il faut préparer la plaque juste avant de l'utiliser. Pas très pratique d'emmener tous ces produits chimiques pour prendre une malheureuse photo en extérieur! C'est en remédiant à ce défaut que l'Anglais Richard Leach Maddox, en 1871, propulse la technique photographique dans l'ère moderne. Il remplace le collodion par de la gélatine, et le nitrate d'argent par du bromure d'argent. Avantage: la plaque peut être préparée à l'avance et transportée sèche. Pour l'utiliser, il suffit de la réhydrater juste avant la prise de vue. C'est une petite révolution car il devient possible de fabriquer les plaques à l'échelle industrielle. Or, qui dit "production de masse" dit "baisse des coûts". Mieux encore: en cette fin de siècle, les chimistes commencent enfin à comprendre les mécanismes responsables du noircissement à la lumière des composés chimiques contenant des atomes d'argent. Ils proposent alors dse méthodes pour développer les plaques qui ne doivent plus rien au tâtonnement et au hasard. Conséquences: des temps de pose bien inférieurs à la seconde, ce qui permet de saisir le moindre mouvement.

6- La démocratisation de la photographie

Pour le grand public, la photographie reste un passe-temps réservé à quelques privilégiés. C'est un Américain, Georges Eastman, qui va la démocratiser. En 1888, il remplace les plaques de verre par une bande de papier enduite d'une émultion au gélatino-bromure d'argent. C'est la première pellicule.Il la charge dans un petit boîtier tout simple muni d'un objectif: c'est le premier Kodak! Le succès de cet appareil élémentaire et bon marché sera foudroyant. Tout au long du XXème siécle, les techniques évolueront peu. Aujourd'hui encore, le gélatino-bromure d'argent est toujours utilisé sur les pellicules. La principale innovation sera le flash, développé dans les années 1910 et 1920, qui permet d'emmener sa lumière avec soi.

7- La révolution numérique

Mais depuis une quinzaine d'années, la photographie connaît une nouvelle révolution: de chimique, elle devient électronique. L'émulsion argentique est en effet remplacée par un tapis de diodes CCD, des composants électroniques qui émettent un petit courant lorsqu'ils sont éclairés (c'est l'effet photoélectrique). L'image est ainsi décomposée en millions de points élementaire -les pixels- dont l'information qu'ils transportent peut être codée en language binaire, en une suite de 0 et de 1. L'image est devenue un alignement de nombres! Pour l'heure, les chercheurs ne savent pas assembler suffisament de diodes pour obtenir une image de même qualité qu'une bonne vieille photo argentique. Pour un cliché 24x36, il en faudrait entre 20 et 30 millions! Aujourd'hui, il est possible d'en assembler 13,5 millions. Avec les progrès de la miniaturisation, ce chiffre pourrait augmenter dans les années à venir. Mais, au mieux, il sera seulement possible d'égaler la qualité d'une photo classique. Alors, où est-elle cette révolution numérique? Dans la circulation des images, d'ordinateur en ordinateur, presque à la vitesse de la lumière. Et dans le traitement des images. A l'aide d'un ordinateur et d'un logiciel, il est possible d'agir sur la couleur et la lumière de chaque pixel. Retoucher une photo numérique devient à la portée de tous. Désormais, la photographie permet de déformer la réalité, de jouer avec elle. Joli renversement de perspective lorsqu'on songe au rêve des artistes de la Renaissance: créer une image de la réalité aussi fidèle que celle de la camera obscura.

8- Le développement argentique

Souvent, une image vaut mieux qu'un long discours :

9- Le grain dans les photos

En photo généralement, et en astronomie plus précisément, il est souvent préjudiciable d'avoir un grain trop important sur la photo. Mais d'où vient ce grain ? En fait, plus un film est exposé, et de fait plus sa sensibilité est élevée, plus la lumière pénètre en profondeur dans l'émulsion, et plus l'image argentique s'épaissit. Dans le même temps, les cristaux d'halogénure d'argent plus petits, moins sensibles à la lumière, devinnent développables. Il en résulte qu'il y a tellement d'argent agglutiné dans la gélatine que les particules se groupent et forment des grains, ces fameux grains qui gâchent la précision des photos !


Voici la différence entre une vieille pellicule 400 ASA et une plus récente. On observerait la même différence entre une pellicule peu sensible et son homologue à sensibilité plus élevée.